L’attachement et l’autonomie progressive de ton enfant

Tu ne peux rien faire sans avoir ton enfant sur les genoux? Il cherche à monopoliser ton attention quand tu es en compagnie d’une tierce personne?

C’est la crise au moment du coucher, il ne veut pas dormir jusqu’à 3 heures du matin avant de finir dans le lit parental? Il t’ appelle toutes les deux minutes dès que tu sors de son champ de vision, pour vérifier que tout va bien, que tu n’as pas quitté la maison en douce !

Ces difficultés sont très habituelles. L’attachement de l’enfant est essentiel et constructíf. Mais ça peut devenir parfois énergivore voire handicapant au quotidien.

Même si on l’aime, c’est naturel de souhaiter ce détachement.

Il est nécessaire au bon développement de chaque enfant car il lui permet de s’épanouir pleinement en tant qu’être à part entière.

Je te propose de voir ensemble quel état d’esprit t’aiderait à guider ton enfant en douceur vers son autonomie ainsi que ce qui se passe de son côté pour mieux le comprendre et rester en lien.

1) Déculpabiliser !

Déjà, pas de culpabilité à avoir. Ca montre que notre côté femme est encore vivant en nous et que la maternité n’est qu’un pan de notre vie.

Maintenant, face à cette prise de conscience, il n’est pas toujours évident d’agir. On ne veut pas faire de mal à notre loulou, le rendre triste ou être trop dure avec lui !

Et en même temps, on voit bien que c’est dur pour lui de se détacher. 

Alors, je crois que le meilleur moyen est de le guider tout en douceur, en faisant un petit pas après l’autre. 

2) Accompagner ton enfant vers plus d’autonomie 

a- Créer un village d’attachement

  • Penser à confier son enfant de temps à autre à un membre de la famille en lequel nous avons toute confiance ou un ami. Commencer par un après midi puis une journée plus longue, une nuit et deux jours…

Une maman connaît bien son enfant et en général sait évaluer le temps qu’il sera en mesure de passer loin du nid familial.

Le lien peut-être maintenu via le doudou, un photo, un dessin, un petit grigri fabriqué ensemble en pate à modeler, un bracelet spécial qui envoie de l’amour à l’enfant chaque fois qu’il en a besoin…

Personnellement, j’ai utilisé l’appel téléphonique en jocker qu’à partir du moment où mes garçons passaient plus d’une journée hors de la maison. Ca fait un contact par jour. Pas plus et pas avant. 

Ca a bien fonctionné comme ça. Aujourd’hui, chaque fois qu’ils partent, je leur demande ce qu’ils souhaitent : que je les appelle ou non ? Je garde à l’esprit qu’un jour ils n’en n’auront plus besoin autant. Alors j’espacerai mais toujours en accord avec eux. 

Il peut être intéressant de tester l’espacement aussi sans demande. Parfois l’enfant peut ne pas oser dire « non » et observer la réaction de son enfant.

  • La crèche, l’assistante maternelle, l’école…sont aussi des moyens de favoriser le détachement.

  • S’autoriser à sortir en soirée sans son enfant. Se relayer avec son conjoint est aussi une solution qui peut être bien « supporter » pour l’enfant.

Cependant, il est possible que ces solutions ne fonctionnent pas à tous les coups ! 

C’est tellement bon d’être près de sa maman que pour certains pas question d’aller ailleurs que près de maman !

b- Autonomiser progressivement à la maison

Dans ces cas là, il est propice d’envisager la mise en place de petits moments (pour commencer), à la maison durant lesquels chacun est de son côté.

Par exemple : 3 minutes durant lesquelles l’enfant va être dans son espace au sein de la maison et la maman dans le sien. 

Puis 5 minutes…puis 10 min…

En procédant par étapes, l’enfant aura l’occasion de se rendre compte qu’il est capable de se détacher sans en souffrir. 

Il y a plusieurs de façons de procéder pour créer ces temps :

  • Déjà, un peu de patience…
  • Ensuite ruser : demander à son enfant de nous attendre là un petit moment, le temps de faire…(ce que vous voulez) et revenir.
  • Expliquer brièvement à son enfant que pendant ce temps, il peut choisir une occupation qui lui plait. On peut aussi lui parler de la notre et se dire qu’on se raconte à la fin du temps.
  • Ou encore proposer une idée d’occupation à son enfant s’il est en difficulté pour en choisir une seul.

Plus ces moments seront réguliers, c’est à mis en place chaque jour, plus l’enfant sera à l’aise avec eux. 

J’aime bien ouvrir un espace de dialogue à la fin de ces moments. Il me permet de voir avec l’enfant ce qu’il a vécu. Cela lui permet de mettre des mots sur ce qu’il a fait, ses éventuelles découvertes. Et surtout sur les bénéfices de cette nouvelle pratique !

3) Mettre du sens derrière ta démarche

Il ne s’agit pas d’une punition ! 

C’est juste un apprentissage. 

C’est important d’apprendre à être bien seul avec soi-même, de savoir s’occuper seul, jouer seul.

C’est un moment qui peut procurer beaucoup de plaisir.

Cela permet à l’enfant d’apprendre à se connaitre au delà d’apprendre à se détacher. Mais aussi de développer sa confiance en lui, de découvrir de nouvelles activités que sa maman n’aime peut-être pas partager avec lui.

Ces moments laissent libre cours à la créativité de l’enfant !

Et surtout ils créent l’autonomisation de son monde intérieur : l’enfant va créer petit à petit son beau jardin secret rien qu’à lui.

Et en grandissant, cet apprentissage lui permettra d’être à l’aise les fois où il se retrouvera seul et de savoir gérer cette situation (peut-être suite à une embrouille avec les copains-copines, l’amoureux, les parents…) en adoptant des comportements sains pour lui.

4) Le point de vue « expert »

a- L’autonomie de l’enfant n’est pas innée

Les premiers mois de sa vie, le bébé ne survivrait pas sans l’adulte.

Il dépend complètement de lui pour répondre à ses besoins primaires pour se nourrir par exemple mais aussi au niveau affectif.
C’est pendant les 3 premiers mois de sa vie que les racines de l’attachement se créent. L’enfant recherche instinctivement à s’attacher à des figures sécurisantes ce qui va lui permettre d’atteindre une maturité affective.

C’est au contact de ces figures sécurisantes qu’il va acquérir ce sentiment de sécurité, sa confiance en lui et aux autres.

  • Pendant les 24 premiers mois, l’enfant va progressivement explorer son environnement. Cela implique de s’éloigner de ses figures d’attachement. Ce qu’il fera de plus en plus facilement grâce à cet attachement sécure qui lui a construit une base de confiance puis progressivement grâce à ses propres expériences.

Chaque enfant fait de son mieux avec ce qu’il a vécu et appris.

  • Jusqu’à 9 ans, les figures sécurisantes les plus importantes sont ses parents.
  • À 12 ans ce sont les amis de même sexe.
  • Vers 16 ans, c’est l’amoureux.
  • Vers le milieu ou fin de l’adolescence, les modèles d’attachement sont consolidés et résistent globalement aux changements importants.

b- Un attachement naturel et vital

L’attachement sécure est naturel et vital pour l’enfant.

Apporté au contact de figures d’attachement cohérentes, répétitives et empathiques, ça lui permet de développer plusieurs certitudes : la confiance en l’autre, le sentiment de valeur personnelle au regard de l’autre et une bonne estime de soi.

Répondre à ce besoin de l’enfant est donc essentiel pour son développement social avec les autres, réguler ses émotions et affronter les difficultés.

c- Le message que t’envoie ton enfant

L’enfant recherche les soins et l’adulte les lui procure.

Mais parfois certains enfants se montrent plus dépendants que d’autres. Voire certains exigent cet attachement jusqu’à chercher à dominer leurs parents pour l’obtenir.

Enfant colérique, autoritaire, qui exige une attention totale de ses parents, utilisant la menace ou l’intimidation. Indomptable, anxieux et extrêmement frustré.

Avant toute chose, il est important de bien comprendre que les tentatives de ton enfant sont une forme de désespoir, et non de force. Manque de confiance, perte de soutien, crainte de déplaire, indépendance prématurée.

Cela peut provoquer des situations difficiles à gérer. Les parents sont alors souvent épuisés et se sentent impuissants.

C’est par la répétition de ces expériences positives et progressives que l’enfant va développer son autonomie.

Il est très important que l’enfant ne perçoive pas ces moments comme une punition. Son expérimentation vers une autonomie saine lui permettra d’être à l’aise quand il sera seul face à une situation. De diversifier ses figures d’attachement et savoir qu’il peut demander de l’aide à une gamme plus ample de personnes s’il en a besoin.

Ce sont des apprentissages fondamentaux vers une auto-gestion progressive de ses émotions, du développement de l’estime de soi et de différenciation.

Ça ne se construit pas en un jour !

Sois patiente, répète l’expérience, et tu y arriveras.

Ecrit en collaboration avec Aurélie Frouard

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